Vu à la télé
Un
jeune entrepreneur français, chemise rayée, petite cravate, gueule de
con classique qui l'ouvre, sa gueule, pour louer les bas salaires,
l'absence de syndicats, la grande flexibilité de la main d'oeuvre en
Roumanie et qui s'étonne : << Pourquoi resterai-je en France ?
Ici, c'est les salaires de la Chine à trois heures de Paris >>.
Voilà les Attila contemporains : de jeunes chacals aux dents pointues
et à l'haleine fraîche qui cherchent toujours de nouveaux territoires
où le travailleur est moins cher, plus docile, où il a encore moins le
choix. Et alors, le reporter télé de nous dire que cela crée des
emplois dans ce pays où il y a tant de pauvres : presque le jeune con
de patron passerait pour un bienfaiteur de l'humanité. Mais demain, la
Roumanie sera chère et Attila se cassera plus loin, là où l'herbe de
l'exploitation est plus verte car, après la française, la viande
roumaine sera devenue trop chère. Sa course obscène au profit ne
cessera que lorsque la situation idéale sera atteinte : une main
d'oeuvre gratuite que l'on nourrit à peine pour entretenir sa force de
travail et dont on se débarrasse lorsqu'elle a fait son temps. Ce type,
souriant, content de lui, content de comment il est malin pour faire du
pognon, est une ordure. Et cette ordure est le modèle de notre temps. |