Les abandonnés du système scolaire
700 jeunes en rade à la fin de la scolarité obligatoire à Genève à fin juin
2004. Et ce nombre est appelé à croître
dans les années à venir, selon les aveux
même de M. Beer, responsable du département
de l'instruction publique. Toutes les réformes
pédagogiques ou du système scolaire,
entreprises depuis 20 ans, n'ont pas empêché de générer cette frange de jeunes qui
passent à l'âge adulte avec les perspectives
les plus noires. Au contraire, les choses étant
ce qu'elles sont, le gouvernement genevois à créer la structure permettant de gérer
au mieux cette population " à risque " en droite ligne dans la politique du " mieux vaut
les voir à l'école que dans la rue ".
C'est le pré apprentissage. Structure à facettes multiples qui propose au jeune un 10ème
degré sensé lui ouvrir les portes de
l'apprentissage ou de la formation initiale. Quant
à mesurer si l'objectif de cette structure est
atteint, que nenni. Aucune statistique ne permet de
suivre ces jeunes sur le long terme. Sur le terrain,
certains profs constatent néanmoins que nombre
de leurs élèves disparaissent par la
suite dans la nature et vont passer de petit boulot
en petit boulot et que seulement une minorité obtient un diplôme professionnel (CFC ou formation
initiale), leur permettant dans le meilleur des cas
d'échapper de justesse, et ce n'est donc pas
la panacée, à la classe sociologique
des working poor. Mais cela ne devrait pas nous surprendre.
Que l'école produise 700 élèves
en mal d'avenir et s'en satisfait, démontre
son immersion dans les valeurs du système capitaliste.
L'orientation, les filières proposées
et la sélection scolaire n'ont pour objectif
que de former l'élite et les esclaves dont l'économie
à besoin. En fonction de son parcours scolaire,
le jeune trouvera sa place dans une société qui se satisfait de patrons, d'ouvriers, de chômeurs,
de sans papiers, de " délinquants ",
... et l'école s'en lave les mains. En effet,
l'école est une institution foncièrement
inégalitaire car produite par une société capitaliste qui trouve toute sa justification dans
le maintien des inégalités.
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