La position du missionnaire
Dans la Tribune de Genève du 22 avril, M. Mugny,
magistrat de la Ville de Genève, se complait
à tirer sur les travailleurs de la fonction
publique, "ses" employés : taux d'absentéisme
pour cause de maladie* trop élevé à la Ville et au Canton et une identification de la cause
de ce phénomène à l'incompétence
des travailleurs de la fonction publique. Parmi les
morceaux de choix : << De grandes souffrances
sont infligées par des personnes qui ne sont
pas à leur place (...) La priorité d'une
collectivité (...) n'est pas de fournir du travail
à des gens incompétents >>. Et
le remède est tout trouvé : << quand un employé dysfonctionne, le chef de service
doit s'en séparer sans craindre les syndicats
ou les médias. J'ai déjà gagné quatre procès intentés par des employés
licenciés >>.
Dire qu'il n'y a pas si longtemps de ça, M. Mugny
passait pour un défenseur des droits des exclus,
des opprimés et des exploités de notre
société et que c'est sur ce fonds de
commerce, largement exploité dans la feuille
paroissiale Le Courrier, qu'il a construit sa petite
carrière de politicard. Depuis qu'il a atteind
les hautes sphères dirigeantes de la Ville de
Genève, M. Mugny n'a de cesse de démontrer
que lui aussi est un patron de la pire espèce
et qu'il n'a aucune leçon à recevoir
de la droite en matière de gestion de la matière
humaine. Dans un contexte social qui ne cesse de se
détériorer avec des travailleurs jetables
et délocalisables à l'envie, M. Mugny,
remonté à bloc par son nouveau rôle
de missionnaire libéral, n'a pas d'autres priorités
que de jouer les flics et d'apporter sa contribution
à la terreur économique que connaissent
les salariés.
*Pour l'anecdote, ce taux correspond, pour le canton
de Genève, à env. 13 jours de congé maladie par année pour un plein poste (respectivement
env. 11 jours à la Ville), soit rien d'autre
qu'une mauvaise grippe... ce qui est visiblement inadmissible
pour M. Mugny.
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